
D’un côté, les hommes en pantalon et de l’autre, les femmes en robe. Déconnectés des évolutions sociétales, les pictogrammes indiquant les toilettes pourraient bien être, selon un psychiatre français, vecteurs de stéréotypes de genre.
Dans nos sociétés modernes, les pictogrammes, ces symboles universels qui permettent de traduire des concepts et des actions, sont omniprésents dans l’espace public. Ce langage imagé accessible à tous est utilisé comme un outil de communication universel capable de transmettre des messages, des informations ou des directions, à l’image des pictogrammes signalant les toilettes des hommes et des femmes. Or, comme l’expose le psychiatre français Serge Tisseron dans son livre « Au fond du couloir à gauche », les pictogrammes genrés des toilettes ont beau faire l’objet d’une foisonnante créativité, ils véhiculent depuis plus d’un siècle les mêmes stéréotypes de genre.
Quelle est l’origine des pictogrammes genrés aux toilettes ?
Les pictogrammes genrés sur les toilettes, qui distinguent les WC des hommes de ceux des femmes, ont commencé à apparaître au début du XXe siècle, alors que les femmes commencent à fréquenter les toilettes publiques. Toilettes hommes et toilettes femme sont alors séparées afin que ces dames puissent jouir d’une certaine intimité, mais également pour les protéger d’éventuels actes masculins malintentionnés. Dans un premier temps, les mots « hommes » et « femmes » sont indiqués aux portes des toilettes avant que des pictogrammes soient imaginés pour pouvoir être universellement compris.
Standardisation des pictogrammes genrés
Les premiers pictogrammes genrés qui apparaissent représentent une silhouette d’homme ou de femme, souvent accompagnée de mots. S’il n’y a pas encore de standardisation ni de consensus sur le design des symboles, on remarque que les premiers pictogrammes produits en série représentent des silhouettes stylisées avec des traits vestimentaires distincts, un personnage masculin avec un pantalon et un personnage féminin avec une robe ou une jupe.
À partir des années 1960, les pictogrammes genrés deviennent la norme, notamment dans les toilettes d’aéroports, des gares et d’autres espaces publics. Au Japon, ce pays où l’on vénère les toilettes, décline le pictogramme d’homme et de femme dans toutes les toilettes publiques à l’intention des visiteurs venus assister aux Jeux olympiques de 1964. Dès lors, la figure masculine incarnée par un personnage aux « épaules larges » tandis que les représentations féminines « évoquent soit la maternité, avec un bassin extrêmement large, soit la séduction » observe le psychiatre.
Des stéréotypes de genre qui évoluent
À partir des années 1980, avec la globalisation croissante et les déplacements internationaux, les pictogrammes genrés sont devenus un standard international. Pourtant, les habitudes et comportements des deux sexes qui n’ont cessé d’évoluer, ne semblent plus correspondre à ces représentations traditionnelles de l’homme et de la femme qui renforcent les stéréotypes de genre. Le débat illustre aussi combien les toilettes reflètent l’évolution de nos sociétés ! Alors, ces pictorgrammes ont-ils besoin d’être repensés pour mieux correspondre aux différentes identités de genre pour certains ? Ou au contraire d’être confirmés pour d’autres ?