Dans certains pays, les toilettes n’ont rien de tabou, bien au contraire. C’est le cas du Japon, qui n’hésite pas à leur dédier un dieu, des musées et même des friandises.
Un dieu protecteur aux toilettes
S’il est un pays où les toilettes et les excréments sont moins tabous qu’ailleurs, c’est bien le Japon. La religion traditionnelle japonaise Shinto est animiste et polythéiste et comporte un dieu des toilettes, Kawaya-no-kami, né des excréments d’Izanami, la déesse de la terre. Il est connu pour empêcher de tomber dans le trou des latrines, et pour apporter de bonnes récoltes.
Encore aujourd’hui, il est vénéré dans des temples qui lui sont consacrés. On trouve des sous-vêtements marqués d’un sceau prouvant que celui qui les porte est sous la protection de ce dieu. Lorsqu’on inaugure des nouvelles toilettes, tous les membres de la famille s’installent à tour de rôle sur un coussin placé sur les toilettes, et consomment des gâteaux de riz et du thé vert pour cette cérémonie des toilettes très formelle.
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Les toilettes propres pour une bonne image
Le Japon estime, à juste titre, que sa culture des toilettes contribue à son image de pays de pointe dans le secteur de l’hygiène et de la santé. Le gouvernement japonais a lancé le « Toilet Challenge » pour tout le pays afin d’améliorer la salubrité des toilettes publiques. Le Japon a beau déjà avoir les toilettes publiques les plus propres et les mieux aménagées du monde, de nombreuses femmes continuent d’hésiter à employer ces commodités, ce qui fait du sujet une question de société liée à l’égalité des sexes.
Les toilettes, fascination culturelle
Au-delà de ce fameux dieu des toilettes, au Japon, les toilettes sont une fascination culturelle, qui se décline de nombreuses manières. Si le WC lavant n’a pas été inventé au Japon, c’est au Japon qu’il s’est démocratisé et que l’un des acteurs les plus high tech du marché japonais y a même créé son propre musée pour montrer ses innovations au grand public. Il existe une appli pour trouver les toilettes les plus proches. Les toilettes publiques y sont non seulement répertoriées, mais aussi notées pour leur degré de propreté et leurs options. Le Japon voit d’ailleurs sa culture toilettes comme un avantage culturel qui aide à véhiculer sa bonne image dans le monde.
Preuve que les excréments ne sont pas tabous, le caca stimule l’imagination des industriels japonais et les consommateurs répondent présents. On trouve ainsi de nombreux produits sur le thème du caca : papeterie, gommes, porte-clés dorés (gros succès !), livres, bonbons et glaces… Mieux encore, à l’intérieur du musée de la littérature de Himeji se trouve un musée japonais consacré aux excréments. Quant au musée Unko à Odaiba, entièrement voué au caca, qui devait n’être que provisoire, il s’est finalement installé de façon permanente et accueille quelque 100 000 personnes chaque mois.